CHRONIQUES D'UNE ABYSSINE EN AUVERGNE. page 1

Une chronique de La Louve. Août 2003



Nous, les abyssins, nous ne sommes pas très nombreux en France, ni donc en expo. Ma maîtresse s'est entichée de notre race à travers des photos, des livres et des articles de revues. Quand elle m'a aperçue, en chair, en os et en couleur (lièvre), sur un parking, dans la voiture de mon éleveuse, j'ai cru qu'elle allait avoir un arrêt du cœur, le syndrome de Stendhal en Italie : trop de beauté d'un coup !
Depuis que je suis avec elle, elle n'arrête pas de s'émerveiller à me regarder vivre et bouger. Génial, non ? Nous, les chats , il nous suffit d'être ce qu'on est pour leur plaire et gagner leurs faveurs. Si c'était aussi facile pour les humains…

Quand je suis arrivée en Auvergne où j'habite maintenant, juste en dessous du plateau de Gergovie, j'ai trouvé un grand jardin clos, où je suis libre et en sécurité, et toute une bande de chats qui m'ont fait visiter les lieux et dont je vous parlerai une autre fois. Au moment où je vous écris, le jardin est brûlé par le soleil, et humains comme félins sommes écrasés d'été. Quand vous me lirez, les fleurs d'automne, j'espère, auront épanoui leurs visages colorés sur les parterres enfin désaltérés, et je pourrai de nouveau, pour faire mes besoins, gratter cette terre grasse et humide qui me colle aux coussinets et que je préfère à toutes les litières.
J'aime ce jardin. Il est comme une jungle où je me cache, où j'ai mes sentiers et mes heures, mes cachettes dans les fourrés, mes petites niches d'herbes à l'ombre et mes postes de guet. J'y chasse les papillons et les insectes, ou j'y somnole sur un banc de pierre. Quand je ne fais que rêver, ma maîtresse croit que je médite , parce qu'elle pense que les chats ont le secret de la sagesse…

A la maison, il y a aussi des chiens, et des poissons dans un aquarium, que j'adore observer pendant des heures. Si vous savez comment on fait pour traverser une vitre, ou même la briser (elle me pardonne tout), envoyez-moi la recette, car il y a un poisson blanc qui n'arrête pas de me danser devant les yeux en me présentant son ventre qui brille, et j'en deviens folle de convoitise.

La nuit, l'espace s'envahit de hérissons : c'est la famille Arthur, une grande famille, avec des Grosarthurs et des Petitarthurs tout mignons, qui viennent manger des croquettes dans nos gamelles. J'ai voulu discuter avec l'un d'eux comme le fait ma maîtresse, mais ma jolie petite truffe s'est mise à ressembler à une pelote d'épingles, et j'ai battu en retraite.
Il y a quelque temps, j'étais très énervée, mes maîtres m'ont emmenée à Toulouse, où j'ai été accueillie par une dame très gentille, qui adore aussi les abyssins, et qui en élève de très beaux, dont un tendre et élégant mâle sorrel. Nous nous sommes plu, et je suis tout de suite partie avec lui faire des cabrioles. J'ai passé quelques jours torrides, et pas seulement à cause de la canicule !

Depuis, je suis rentrée en Auvergne, j'ai perdu un peu de la finesse de ma ligne et ma maîtresse s'attendrit devant mes tétines roses et mon ventre qui s'arrondit.
Je crois bien que j'attends des bébés.
Ma maîtresse dit que même plus ronde, je suis toujours aussi jolie, et quand je vois mon reflet dans ses yeux, je pense que Léonard De Vinci, qui s'y connaissait en beauté, a eu raison d'écrire :

" Le plus petit des félins est déjà une œuvre d'art. "

 

P.S. Ma maîtresse vient de recevoir l'Abysom de Juillet, elle l'a trouvé super…
Finalement, je vais peut-être apprendre à lire !
Dernière minute : je viens de mettre au monde quatre bébés, j'ai beaucoup de travail, je vous en parlerai la prochaine fois…


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